Malheureusement, de nos jours, l’évolution des pratiques agricoles a conduit à un embroussaillement généralisé de surfaces gérées de manière extensive ou en cours d’abandon, caractérisées par la prolifération de la végétation ligneuse et la perte de prairies de grande qualité et de la biodiversité qui y est associée. Mais il existe un moyen de maintenir ces  terres de pâturage de montagne en bon état, transmis de génération en génération comme cela se fait dans d’autres montagnes européennes, façonnant au fil du temps des paysages pastoraux de grande valeur. Il s’agit de la technique du brûlage dirigé, qui crée la vie à travers le feu.

Pour un observateur inexpérimenté, brûler pour préserver peut sembler contradictoire. Mais le brûlage dirigé est bien une pratique d’entretien et de régénération, notamment des pâturages d’altitude.

Il est réalisé généralement en hiver et consiste à brûler les espèces végétales que le bétail ne consomme pas pendant l’été et qui finissent par envahir progressivement les pâturages, diminuant les ressources disponibles pour les troupeaux et banalisant le paysage.

De nos jours, le brûlage dirigé retrouve sa place dans l’entretien des paysages, des espaces pastoraux et joue un rôle crucial dans la conservation du patrimoine bioculturel. Son utilisation traditionnelle est en constante adaptation pour répondre aux nouvelles demandes sociales, elles-mêmes en perpétuelle évolution, sur la gestion de ces environnements. Cette pratique est maintenant principalement mise en oeuvre par les professionnels du feu à la demande des éleveurs.

Dans le contexte actuel de changement climatique et d’augmentation de la fréquence et de la sévérité des feux, cette pratique sera toujours encadrée et organisée par les professionnels du feu, en incluant et en formant les acteurs locaux qui participent à son entretien et à son adaptation.

A Enveitg, les brûlages dirigés de ces 30 dernières années sont principalement localisés sur le moyen versant (1600-2200 m), où la dynamique d’enfrichement s’est accentuée entre les années 70 et 90.
Parallèlement, la reprise de cette pratique a également permis la découverte de sites archéologiques inconnus et insoupçonnés masqués par la végétation telle que les genêts.

Dans un monde de plus en plus affecté par le changement climatique, aucun territoire n’est assez éloigné pour être épargné. Il en va de même pour Enveitg. En ce sens, les pratiques de brûlages dirigées sont un outil essentiel pour préserver des services écosystémiques précieux, en particulier dans les zones non mécanisables.

Outre la création de pâturages sains et florissants, elles créent également des coupe-feu naturels qui jouent un rôle crucial dans la prévention des incendies de forêt. Cependant, de plus en plus d’aspects sont à prendre en compte pour la réalisation des brûlages dirigés (pastoralisme, paysage, pratiques vivantes, climat, pollution de l’air, biodiversité, …), ce qui nécessite davantage de ressources humaines et financières pour étudier les chantiers avant les brûlages et les contrôler pendant le processus.

Cette pratique, dont la valeur culturelle, environnementale et économique est immense, ne doit pas être perdue afin de pouvoir assurer une bonne gestion dans un environnement social et naturel délicat: elle constitue un patrimoine rural vivant essentiel de cette région et un exemple significatif d’équilibre entre l’homme et la nature qui doit être maintenu pour le bien de tous.